Au second semestre 2020, le géant américain prévoit le lancement de sa cryptomonnaie baptisée Libra. Facebook veut créer son propre écosystème d’affaires afin que ses internautes puissent acheter et échanger de l’argent facilement et rapidement, partout dans le monde. En quoi la Libra peut révolutionner le secteur bancaire ? Comment Facebook assurera la stabilité de sa monnaie pour qu’elle soit adoptée par tous ? Les États sont-ils prêts à accepter cette nouvelle monnaie ? Et surtout, réussira-t-il à protéger les données personnelles de ses utilisateurs ?
1. Révolutionner le système financier mondial avec Libra
Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, souhaite faciliter les paiements dans le monde en se dirigeant vers un système financier plus accessible et connecté. Pour atteindre son objectif, il se lance dans la création de sa propre cryptomonnaie, la Libra. Une cryptomonnaie est une monnaie 100 % électrique et numérique qui n’est adossée à aucun État ou banque centrale. Elle fonctionne de manière totalement décentralisée à partir de technologie numérique.
Grâce à la Libra, envoyer de l’argent sera aussi simple et rapide que d’envoyer un message. Les utilisateurs de Facebook pourront transférer des fonds avec un smartphone de n’importe où dans le monde. Avec le système bancaire traditionnel, il faut compter 3 à 5 jours ouvrables pour un virement à l’étranger. Facebook veut révolutionner ces transferts d’argent, en permettant à ses utilisateurs de les réaliser quasi instantanément.
Également, les internautes pourront acheter facilement des biens et des services, sur des sites partenaires de commerce en ligne. Des entreprises internationales, telles qu’Uber, Booking ou encore Ebay, sont déjà membres du projet. Ainsi, il est tout à fait possible que les utilisateurs de ces sites puissent recourir au Libra sur ces différentes plateformes. Facebook prévoit également d’intégrer le paiement et le versement en libras directement dans deux de ses applications phares : Messenger et Whatsapp. À terme, le roi des réseaux sociaux pourrait proposer des produits financiers complets proches de ceux des banques.
En somme, il s’agit pour Facebook de créer son propre écosystème d’affaires de façon à ce que l’expérience utilisateur soit la plus durable possible. L’entreprise compte aujourd’hui près de 2,4 milliards d’internautes actifs chaque jour. Avec la Libra, ces derniers pourront réaliser leurs transactions financières sans jamais quitter le réseau social. L’objectif de Facebook ? Réussir le pari de faire de Libra une monnaie à part entière.
2. Garantir la stabilité de la Libra pour une adoption rapide et massive
Les cryptomonnaies sont connues pour être des monnaies spéculatives. Le bitcoin par exemple, première cryptomonnaie lancée en 2009, est célèbre pour ses fluctuations de cours extrêmes. De fait, Facebook doit apporter des garanties fortes pour assurer la stabilité de sa future monnaie. C’est uniquement de cette façon qu’il réussira son pari.
C’est pourquoi Facebook s’est entouré de partenaires de poids, des géants dans leurs domaines respectifs : Uber, Booking, Ebay, Mastercard, Visa, France Iliad (maison mère de Free), mais aussi de nombreux fonds d’investissement. Chacun de ces membres a dû apporter 10 millions de dollars afin d’entrer dans la fondation chargée de la gestion de ce projet, la Libra Association. Basée à Genève, en Suisse, elle aura pour mission de piloter et stabiliser la Libra. Cette organisation rassemble actuellement près d’une trentaine d’investisseurs. Facebook est bien évidemment actionnaire par l’intermédiaire de sa filiale créée pour l’occasion, Calibra. Jusqu’au lancement de sa monnaie, le géant de la Silicon Valley espère regrouper une centaine d’entreprises partenaires, ce qui apporterait un milliard de dollars de garantie à la monnaie.
Mais surtout, la Libra sera adossée à plusieurs monnaies officielles, notamment le dollar US, l’euro et le yen. Ainsi, pour que ce ne soit pas une monnaie spéculative, son taux de change sera basé sur ces monnaies stables. Facebook met donc tout en œuvre pour que sa monnaie inspire confiance et qu’elle soit adoptée par le plus grand nombre.
3. Devenir la nouvelle monnaie mondiale
Cette monnaie numérique représente un moyen de paiement nouveau qui interviendra en dehors des circuits bancaires classiques. En s’affranchissant des barrières des devises nationales, les coûts de transaction seront minimes. De fait, avec quasiment zéro frais de transfert, la Libra pourra devenir une monnaie mondiale.
Dans les pays financièrement instables, la Libra pourrait également servir de valeur-refuge. Les habitants des pays à très forte inflation peuvent se retrouver, du jour au lendemain, avec une devise qui ne vaut plus rien. En utilisant la monnaie de Facebook, ils bénéficieront d’une monnaie stable et reconnue dans le monde. Lors de la crise grecque, par exemple, de nombreux particuliers et entreprises ont investi dans le bitcoin pour éviter de subir les fluctuations de leur propre monnaie.
Ce n’est pas tout : 1,7 milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès aux services bancaires. L’un des objectifs majeurs de Facebook est de proposer des solutions de paiement à ces personnes ne disposant d’aucun compte bancaire. Un défi pour le géant du web et surtout une opportunité, pour lui, de communiquer sur l’aspect positif de ce projet. Mais c’est aussi un moyen pour le célèbre réseau social d’atteindre de nouveaux internautes. Il est aujourd’hui de plus en plus difficile pour Facebook de trouver de nouveaux abonnés. Ainsi, la Libra pourrait lui apporter plus d’un milliard de nouveaux utilisateurs. L’ambition de Facebook est claire : devenir la future banque du web au service de milliard de personnes.
4. Répondre aux inquiétudes gouvernementales et réussir à protéger les données personnelles
La monnaie est l’une des principales caractéristiques d’un État : le dollar US aux États-Unis, l’euro dans la Zone euro, le yen au Japon, etc. Or, la Libra est accusé de nuire à la souveraineté monétaire des pays. Ces derniers risquent, en effet, de perdre le contrôle d’une partie de leurs flux financiers. Dans ces conditions, la France refuse catégoriquement son développement sur le sol européen. Facebook réussira-t-il à faire face à l’hostilité des États ?
Un second problème est évoqué : comment Facebook assurera la protection des données de ses utilisateurs ? En effet, Calibra, sa filiale membre de la Libra Association, aura accès à toutes les informations concernant les transactions financières de ses internautes. Celle-ci pourra savoir ce que ces derniers achètent, à qui et pour quel montant. Cependant, le cœur du business model de Facebook repose sur la collecte et l’exploitation des données personnelles de ses utilisateurs. C’est de cette façon que l’entreprise génère son chiffre d’affaires : en proposant des publicités ciblées à ses internautes. De fait, si Facebook bénéficiait de ces données financières, il serait en mesure d’affiner davantage le profil de ses internautes. Il aurait, en définitive, la capacité de proposer des publicités encore plus précises et bien mieux valorisées auprès de ses annonceurs. La question est cruciale, car Facebook a déjà connu de nombreux scandales. Rappelons, en 2018, celui de Cambridge Analytica, où des millions de données privées ont été manipulées en vue de faire du ciblage politique.
Toutefois, face à ces accusations, Facebook rassure en précisant que les données du réseau Libra seront complètement séparées des siennes. Le roi du numérique résistera-t-il à la tentation de compléter sa gigantesque base de données ?
Ce qu’il faut retenir :
- Facebook a pour objectif de créer une nouvelle devise mondiale.
- La future monnaie virtuelle du géant américain constituera un moyen de paiement et de virement simple, au service d’une infrastructure financière globalisée.
- Son taux de change sera basé sur plusieurs monnaies officielles dont le dollar, l’euro et le yen.
- Libra permettra à Facebook de poursuivre sa croissance en proposant des solutions de paiement aux non bancarisés dans le monde, soit près de 1,7 milliard de personnes.
- Avec Libra, Facebook pourrait bénéficier de données précieuses sur les comportements d’achat de ses utilisateurs.
Pour en savoir plus sur la Libra, rendez-vous sur la chaîne de Langue de Geek, l’expert des cryptomonnaies !
Sonya Zeha